Ces derniers temps, chaque français s’est retrouvé « cloîtré » chez lui, selon une expression que l’on a beaucoup entendue… Du latin claustrum qui signifie enclos, on l’utilise généralement pour parler des moines et moniales « cloîtrés », c’est-à-dire vivant uniquement à l’intérieur de la clôture de leurs abbayes…

Le cloître, lieu fascinant dans l’esprit du public. Espaces de communication, imaginés bien souvent en carré, sur le modèle des patios de villas romaines, les cloîtres sont des galeries couvertes qui permettent aux religieux de déambuler facilement. Leur ouverture vers le ciel offre une dimension spirituelle propice à la méditation. 

Le territoire Roannais peut s’enorgueillir de posséder quatre cloîtres, vestiges de l’intensité religieuse qui s’y est épanouie au cours du Moyen Âge.

À l’aube des Journées Européennes du Patrimoine, nous vous invitons à découvrir leurs particularités à travers cet article. Ces 4 lieux seront ouverts gratuitement au public le samedi 18 et dimanche 19 septembre prochain.

L’abbaye bénédictine

Le cloître de l’abbaye de Charlieu date des années 1460 – 1470. A l’époque romane, il y avait deux cloîtres à Charlieu : un grand sur l’emplacement de l’actuel cloître gothique et un autre, dit des « Infirmes » à l’emplacement de la cour de l’hôtel du prieur (l’ancienne infirmerie devait se trouver à l’endroit où l’hôtel a été construit). Il a beaucoup souffert au cours du XIXe siècle : transformé en habitation ou hangar, dépôt, cave, il a perdu sa galerie nord et une partie de la galerie ouest. Seuls deux arcs trilobés d’origine subsistent et la plupart des chapiteaux (feuillages, animaux, personnages) ont été mutilés. Il a été restauré en 1999/2000.

Le couvent des Cordeliers

A Saint-Nizier-sous-Charlieu, au Couvent des Cordeliers, l’architecture dépouillée du cloître gothique, dans un remarquable état de conservation, appelle à la contemplation. Les frises, en corniche des galeries, sont ornées de feuillages, tout comme la majorité des chapiteaux (chêne, acanthe, vigne…), tandis que les chapiteaux de la galerie nord invitent à méditer sur les vices et les vertus. Ici, les figures à signification symbolique sont nombreuses, révélant toute la verve de la sculpture du Moyen Âge : singes (lubricité), lions (colère – discorde), chien (gourmandise – paresse), perroquet (bavardage), serpent à visage humain (duplicité, hypocrisie) … Chiens (fidélité, vigilance), chouette (sagesse, philosophie), coq et écureuil (travail, prévoyance, économie), agneau (bonté, douceur), porc-épic (sobriété, justice), lièvre (prudence), hermine (pureté)…

Intégré à une habitation et transformé en jardin d’agrément à la fin du XIXe siècle, il fut vendu en 1910 à un antiquaire parisien et en partie démonté pour aller orner le court de tennis d’un milliardaire américain. Il fut sauvé de justesse par un classement d’urgence « Monument Historique ».

Le prieuré d’Ambierle

La cour claustrale d’Ambierle s’offre à la vue des visiteurs depuis sa restauration complète en 1999 comprenant la mise en valeur des façades des bâtiments qui l’entourent et la réouverture de la porte monumentale permettant l’accès à l’église. Du XVe au XVIIIe siècle, cette cour était réservée au prieur. Les moines se sont ensuite réapproprié les lieux. La vue sur la toiture du prieuré en tuiles polychromes vernissées de style bourguignon est un enchantement.

Le prieuré de Pommiers

La construction du cloître du prieuré de Pommiers remonte aux alentours du XVIe siècle. Son aspect est singulier : situé entre l’église et le prieuré, il ne possède que deux galeries sur quatre ! Il n’empêche, sa présence donne fière allure à la courette agrémentée d’une margelle protégée par sa toiture en ardoise. Les galeries illustrent la fonction de circulation d’un cloître donnant accès aux différentes activités : cuisine et réfectoire sont sur un côté – pour nourrir le corps, le scriptorium et la salle capitulaire sont sur une autre aile – pour nourrir l’esprit, cellier et hôtellerie complètent ce carré – pour permettre aux religieux d’accueillir et d’avoir une ouverture sur le monde ; le dernier côté du carré se situant bien souvent le long de l’église.

C’est une richesse pour le Roannais de posséder ces ensembles claustraux remarquables qui se complètent admirablement.

« Comment peut-on ne pas adorer les cloîtres, ces lieux tranquilles, fermés et frais, inventés, semble-t-il, pour faire naître la pensée pendant qu’on va à pas lents sous les longues arcades mélancoliques ? » – La vie errante, La Sicile.

Guy de Maupassant

Lydie

Auteur

Lydie

Mon profil de littéraire m’a très jeune orientée vers les mots, l’oral, l’écriture et les langues étrangères. Naturellement, le métier de guide s’est imposé, et je le pratique depuis plus de 30 ans. Ce que j’aime, c’est parler du patrimoine, qu’il soit petit, vernaculaire, inscrit ou classé, c’est raconter l’histoire, la grande et la petite, celle des gens ordinaires, au parcours ou oeuvres extraordinaires. Ce qui m’anime, c’est ce temps d’échanges avec le public, répondre à sa curiosité et rendre singulière une simple relation en lui conférant une valeur émotionnelle autre.